Maigrir après les fêtes

Ce contenu présente, à partir d’exemples de patients, les raisons qui poussent à commencer un régime après les fêtes de fin d’années. Il nuance ensuite ces raisons : s’il y a une prise de poids, celle-ci ne doit pas nécessairement entraîner un régime mais plutôt une recherche de l’équilibre tout au long de l’année.

maigrir après les fêtes

APRÈS LE RÉCONFORT, L’EFFORT ! 
P.S. : TOUT AU LONG DE L’ANNÉE RESTANTE ?   

 

Vous reprendrez bien un peu de…

 

─ Vous reprendrez bien un peu de dinde ?
─ Eh bien... (Le ton est embarrassé.) C’est que...

 

Que se passe-t-il alors dans la tête de l’invité en surpoids ? « Si j’ai déjà le droit à un ‘extra’ en temps ordinaire, me propose-t-on parfois avec le régime, un ‘extra’ le week-end ? Est-ce à dire qu’après tous les ‘extras’ de cette période de fêtes, je dois maintenant me mettre à la diète pendant toute l’année qui va suivre ? »

 

En d’autres termes, l’« extra » du week-end renvoie à la restriction de la semaine et, du coup, il la pérennise même. Pour ce qui est de la succession d’« extras » : bonjour les dégâts ?

 

 

À partir de lundi, je commence !

 

« C’est promis, pourrait-on donc déclarer à son entourage ou se dire in petto, après dimanche, c’est fi-ni ! À partir de lundi, je commence mon régime ! »

 

Voilà qui s’appelle une bonne résolution ! Une résolution telle qu’on en formule en début d’année (enfin, entendons-nous : après la galette des Rois, après...). Mais cette résolution tiendra-t-elle tout au long de l’année ? En outre de celle relative au tabac et à l’activité physique ? Rien n’est moins sûr… 

 

 

Reprenons les choses autrement

 

Le repas festif n’est pas nécessairement riche. Le foie gras, certes, c’est riche. Mais normalement, on n’en mange pas 100 g ! Une tranche normale (40 g) comporte moins de graisses qu’une petite plaquette de beurre d’hôtel ! Les huîtres, elles, ne sont pas riches, même pas en cholestérol ! Les Saint-Jacques non plus ! Pas plus que la viande blanche, qu’il convient d’ailleurs d’arroser d’eau régulièrement, précisément pour préserver son caractère moelleux en raison de la faible teneur en lipides. Sans parler du sorbet aux fruits exotiques, ou de la soupe de fruits au gingembre !

 

 

Grossit-on réellement l’hiver ?

 

Au terme de l’hiver, la balance enregistre volontiers, certes, un gain de 2 ou 3 kg. Mais cela dit, est-ce réellement un grossissement ? Un grossissement qui fait qu’en l’espace de 10 ans, nous sommes nécessairement condamnés à prendre 20 à 30 kg ?

 

Nous pourrions lire l’évolution pondérale autrement. L’été, nous perdons volontiers... 2 ou 3 kg. Parle-t-on alors, en miroir, d’un amaigrissement ? Pas véritablement.

 

Faisons donc plutôt l’observation selon laquelle nous tendons vers un équilibre au fil de l’année : l’été, il fait chaud, nous mangeons un peu moins, les repas sont moins riches en calories ; il fait beau et les jours sont plus longs, nous sommes plus disponibles, les occasions de nous déplacer sont plus nombreuses. Il est normal, au total, que nous perdions 2 à 3 kg.

 

L’hiver, c’est tout l’inverse : il fait froid, les jours sont courts, le travail physique au froid pendant les heures de clarté est coûteux, énergétiquement ; en définitive, nous ne faisons jamais que récupérer normalement les kilos perdus naturellement au cours de l’été. Il s’agit ni plus ni moins que du retour à l’équilibre !

 

Bien sûr, s’il y a un surpoids avant l’hiver, ce surpoids risque de s’accentuer. Mais sinon, il s’agit bien du retour à l’équilibre, nécessaire, pour la reconstitution des réserves énergétiques, dont nous avons besoin pour affronter les infections intercurrentes. Quand surviennent les grippes, les bronchites et autres gastros ?

 

 

Bravo, Madame, vous avez perdu…

 

« Bravo, Madame, vous avez perdu 2 kg, félicite le médecin !

 

─ Pas du tout, Docteur, et ce, alors même que j’ai fait attention, que j’ai suivi vos recommandations, se lamente l’interlocutrice.

 

─ Madame, ne vous souvenez-vous pas que chaque année après les fêtes vous preniez 2 ou 3 kg ? Ça ne n’a pas été le cas cette fois-ci. Vous avez donc bien perdu 2 kg en comparaison avec la prise habituelle attendue, une prise normale au demeurant. »

 

N’est-il pas normal en effet de reconstituer les stocks énergétiques l’hiver ? Eh oui, le tissu adipeux a bien une fonction de régulation !

 

 

Le rythme des saisons : la valse à quatre temps

 

Est-ce un hasard, en effet, si la nature met à notre disposition des fruits secs à la veille de l’hiver, des fruits secs dont la densité énergétique est élevée (noisettes, noix, etc.), après que nous avons mangé plus léger l’été ? Est-ce un hasard si les fromages sont plutôt à pâte molle en région côtière (les fromages de Normandie par exemple) tempérée l’hiver, et à pâte dure, en région d’alpage, quand on sait que le travail au froid est énergétiquement plus coûteux que celui réalisé en période chaude ?

 

Certes, les rythmes saisonniers sont moins marqués de nos jours, en raison de l’arrivage des produits alimentaires des quatre coins du monde. Certes, elles fleurent bon le fromage fondu, ces vielles ruelles d’Annecy ou de Chambéry quand nous flânons l’été à l’heure du dîner...

 

 

Cerise sur le gâteau !

 

En un mot donc comme en cent, il serait bien navrant que l’on ne profite des fêtes que parce que, passez-moi l’expression, on s’est serré la ceinture tout au long de l’année – ce qui serait pour le coup un facteur majeur de (re) prise de poids. Le gâteau est sucré ; la note, elle, serait salée... 

 

 

Bonne année ! Bon appétit ! Et surtout, bon appétit tout au long de l’année !

 

L’équilibre (nutritionnel), c’est bien au-delà de tel ou tel aliment, eut-il des propriétés bénéfiques. On ne mange pas que des huîtres, certes riches en sélénium, protecteur cardiovasculaire !

 

L’équilibre passe d’abord par la bonne association d’aliments des différents groupes. Mais l’équilibre, c’est encore bien au-delà, bien au-delà de tel ou tel plat ; de tel ou tel repas ; de tel ou tel équilibrage ou rééquilibrage au fil de la semaine.

 

L’équilibre s’établit au fil de l’année, avec des ajustements saisonniers, hebdomadaires et circadiens, de nature et de degré différents.

 

Il s’établit, enfin et surtout, dans un rapport équilibré à l’autre, dans le partage festif, et à son assiette, à son poids sur la balance, à son miroir.

 

Un rapport à soi, en définitive.

 

 

Auteur : LALAU Jean-Daniel (Pr - Médecin nutritionniste)

 

Pour aller plus loin, consultez cette vidéo :

 

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